[Comment faire ses besoins proprement en randonnée ?]

Quelle que soit la randonnée pratiquée et le lieu, l’absence de toilettes est commune. Voici donc nos conseils pour laisser la nature vierge de votre passage après avoir fait vos besoins.

 

Le sujet peut paraître puéril, provocateur, indiscret, gênant, mais qui pose ses pieds sur des sentiers de randonnées, sait bien que l'art et la manière de soulager ses intestins en pleine nature est un acte peu ou prou inévitable. L'accomplissement de ce besoin laisse une signature particulière qui devrait se faire discrète jusqu'à en devenir invisible.

Si, en de rares endroits, on trouve quelques toilettes sèches sur des parkings, au pied de falaises ou dans des refuges, cela reste exceptionnel et c'est dommage. Cela n'excuse pas le fait que le visiteur laisse en général ses excréments bien visibles, signalés d’une volumineuse chiffonnade de papier blanc, épais et résistant à l’eau, le tout parfois abrité d’une petite pierre...

 

Voyons donc comment créer un W.-C. ad hoc, et surtout comment minimiser les traces laissées (en clair : merci de laisser les lieux aussi propres que vous auriez aimé les trouver en entrant). 

 

Choisir son endroit : un sol meuble, rincé par les pluies, non privé.

 

Ce lieu ne peut évidemment pas se trouver en plein milieu d’un chemin ou d’une clairière ! Mais si se placer à l’abri des regards est un confort personnel, il ne faut pas pour autant oublier quelques points importants :

 

. éviter de choisir un lieu entièrement abrité des intempéries, sous un surplomb ou dans une grotte. Vos excréments y resteront d'autant plus longtemps. 

 

. ne choisissez pas non plus un sol dur ou rocheux.

 

. le lieu de votre abandon devra aussi être à bonne distance de tout cours d’eau et des pentes le dominant directement. 

 

. un champ d’herbe est destiné à être fauché, ce n’est donc pas non plus un lieu adéquat.

 

En résumé, le lieu convenable est un sol meuble, à l’écart des passages et visiblement non utilisé pour un quelconque usage agricole ou autre.

Préparer le recueillement de votre offrande en creusant un petit trou

Le choix d’un endroit où le sol est meuble permet d’enterrer les excréments. 

Le principe est simple et facile. Le randonneur emporte au préalable une petite pelle, comme celle qu’utilisent les jardiniers pour repiquer des salades ou d’autres plans. C’est une sorte de truelle courbée, on en trouve de très légères et efficaces en plastique dur. Il est possible d'utiliser à cet effet un bâton, un couteau, une petite pioche... (quant aux alpinistes, ils pourront utiliser leur piolet).

À l’aide de l'outil faire un trou d’une vingtaine de centimètres de profondeur. Ensuite vous n'avez cas faire dedans, puis refermer le trou sans y laisser votre papier.

Pourquoi ? Parce qu'au mieux, la dégradation du papier toilette est très lente (1 à 2 mois). Pire encore est celle des mouchoirs en papier. Quant aux lingettes imprégnées, elles sont faites d’une matière synthétique absolument non dégradable. 

 

Faut-il utiliser ou non du papier toilette ? 

La moins mauvaise solution est de se doter de papier toilette biodégradable, qui se compostera plus rapidement dans la terre. Mais le risque est que même enterré, le papier revienne toujours à l'air libre. Prendre le temps de recouvrir le trou de pierres, pour laisser le tout invisible, est indispensable.

 

Alors, comment faire si on ne souhaite pas utiliser de papier en pleine nature ? 

 

Brûler le papier n’est pas une meilleure solution, la combustion est incomplète et l’on retrouve partout des morceaux de papier. Quelle que soit la région, ne tentez pas de brûler votre papier souillé pour échapper à son transport, c’est inefficace et, de plus, un incendie de forêt est un risque permanent et réel !

 

Il n’y a que deux solutions possibles : remporter son papier ou utiliser la main gauche et de l’eau ! Les Bédouins usent de la seconde et n’ont pas tort. Vis-à-vis de la première solution, un seul comportement est viable : remporter son papier. Pour cela, rien de plus simple, avoir un sachet du type "Ziploc" dans lequel on place le papier utilisé jusqu’à la prochaine poubelle.

 

La solution joker, est de se servir des larges feuilles de certaines plantes, à condition d'en trouver. C'est un parti-pris de secours, car cela abîme la végétation. 

 

Pour conclure : Le kit du parfait randonneur.

 

Voici donc quelques éléments matériels pour être à l’aise et laisser propres les lieux que nous aimons :

 

. Une petite pelle ou truelle de jardinier légère

 

. Un sachet plastique pour congélation avec fermeture "Ziploc" de taille moyenne dans lequel on placera le papier usagé

 

. Un petit sachet plastique avec votre petite réserve de papier.

 

Voilà, c’est tout et c’est suffisant. Plus d’excuses pour ponctuer la nature d’étrons emballés de blanc ou de rose.

Et ailleurs comment font-ils ?

Les Américains sont assez intransigeants sur ce thème. Signalons au passage que les propriétaires de gentils toutous sont sommés de remporter les productions de leur animal dans un petit plastique que l’on trouve à peu près partout dans des distributeurs.

Au départ des sentiers, dans les parkings d’Indian Creek ou de Red Rocks – entre autres – l’association Leave no trace met à disposition des kits contenant un sachet plastique en plusieurs épaisseurs avec dedans un activateur bactériologique permettant de recueillir son caca afin de ne pas l’abandonner dans la nature et de le transporter sans odeur. Ce petit kit est vendu aussi pour le camping sauvage et bien d’autres situations. Cela fonctionne parfaitement. 

 

 

Article écrit par Philippe Brass pour Montagne magazine. Texte adapté et modifié par mes soins. Vous pouvez retrouvez l'article original sur Montagne magazine.

Citons pour conclure un petit livre paru il y a déjà quelques années et traitant du sujet avec un humour mêlé de pragmatisme et de manière quasi exhaustive : l'excellent "Comment chier dans les bois, pour une approche environementale d'un art perdu" de l'auteure américaine Katleen Meyer et traduit en 2002 par Jean Marc Porte, journaliste à Trek Magazine. On peut en recommander la lecture en complément de cet article.